Les effets néfastes du tabac sont-ils identiques pour tous ?
Les professionnels de santé estiment que le tabac est la substance la plus addictive au monde. Chacun est spécifique devant cette addiction et réagit de manière différente selon l’intensité de sa consommation ou selon sa réaction face au sevrage faisant apparaître le manque.
Sommes nous tous égaux devant la dépendance au tabac ?
Quand quelqu’un arrête la cigarette, la plupart du temps, les signes physiques s’installent avant la fin de la journée et deviennent intenses au bout de 2 à 3 jours d’arrêt. Cette situation est liée à l’action de la nicotine et à ses effets biologiques sur l’organisme du fumeur, notamment le cerveau.
Ainsi, certains spécialistes ont distingué une différence entre les dépendances : elle peut être physique, psychologique et comportementale. Nous allons voir dans l’article ci-après si les fumeurs sont tous égaux devant cette dépendance.
La dépendance physique au tabac
La nicotine a sa place dans la dépendance physique. Elle est présente dans le tabac et représente 5% du poids de son herbe. En fait, le corps humain dispose de récepteurs nicotiniques présents naturellement à la surface des cellules nerveuses. Plus la personne fume régulièrement et depuis longtemps, plus le nombre de récepteurs augmente avec le temps.
Chez les non-fumeurs, ces récepteurs sont faits pour recevoir un neurotransmetteur appelé acétylcholine. Chez les fumeurs, ils réceptionnent les nicotines libérées par le tabac. À chaque prise de cigarette, ces récepteurs appelés nicotiniques seront activés entrainant une réclamation de leur dose journalière.
La nicotine passe par la barrière hématoencéphalique qui entraine une décharge de la dopamine sous l’action de l’influx nerveux. Ce neurotransmetteur stimule à son tour l’activité du circuit de la récompense qui pousse à une prise compulsive. La dopamine joue aussi un rôle dans la procuration de plaisir, de motivation, de sensation de bien-être, de bonne humeur et de détente.
À l’arrêt du tabac, la baisse de la nicotine dans le sang induit le syndrome de manque dans l’organisme entrainant une forte compulsion de vouloir consommer de nouveau une tige de tabac. Une absence de tabac dans le sang pendant un certain temps fait diminuer le nombre de ces récepteurs, mais le taux normal n’est atteint qu’au bout de 6 à 12 mois.
La dépendance physique est donc en réalité reliée au besoin et au manque de nicotine par l’organisme. Ainsi, si le fumeur n’arrive pas à résister à ce manque, il souffrira de cette dépendance physique.
La dépendance psychologique au tabac
La dépendance psychologique est liée aux effets de la nicotine. Ce sont les effets psychoaffectifs qui entrainent la stimulation intellectuelle ou le plaisir provoqué par la dopamine. Cette dépendance est aussi associée aux émotions ou à des sensations.
Ainsi, ce sont les fumeurs qui utilisent la prise de la cigarette comme une occasion pour gérer son stress, se faire plaisir, se concentrer, s’inspirer, se stimuler ou se calmer de son anxiété.
Le fumeur considère la tige de cigarette comme son compagnon. Il l’intègre dans sa vie, il s’en sert pour se relaxer, pour réfléchir sur un sujet, pour bien se sentir ou pour réguler son appétit. Il est incapable de ne plus vivre avec. C’est ainsi que la dépendance psychique ou psychologique s’acquiert.
Il faut savoir aussi que les femmes ont une dépendance psychologique plus forte que les hommes. La raison est qu’elles sont plus réceptives et plus sensibles aux goûts et à l’odeur combinée à leur marque préférée de cigarette.
Cette forme de dépendance peut durer plus longtemps que celle physique. Elle est également liée avec l’histoire personnelle et la personnalité. Quand le sujet arrive à ce stade, il sera plus difficile d’arrêter.
La dépendance environnementale et comportementale au tabac
Les deux dépendances citées plus haut sont renforcées par celles comportementale et environnementale. Tous les fumeurs peuvent les développer avec le temps.
La dépendance comportementale est surtout associée à la multiplication du geste faite pour fumer une cigarette. Comme son nom l’indique, elle vient du comportement, elle est liée à la gestuelle.
La personne a en permanence avec elle son paquet de cigarettes et son briquet, cela la rassure. Ses gestes sont les mêmes, elle prend une tige de cigarette, l’allume avec son briquet, le porte à la bouche, prend une bouffée et sort la fumée avec plaisir.
C’est tout cet automatisme qui fait et qui aggrave la dépendance comportementale. Le fumeur est déjà dépendant physiquement et psychologiquement.
L’environnement joue aussi un rôle central dans cette dépendance. Le fumeur a ses contextes précis ou son environnement habituel pour fumer. Pour certains, cela peut être au moment de boire une tasse de café, de prendre une pause ou après le déjeuner. Pour d’autres, c’est le matin au réveil, pendant les appels téléphoniques ou dans la voiture.
Ce sont tous ces environnements qui vont amener le fumeur à se souvenir régulièrement de sa cigarette, même s’il n’a pas tellement envie de fumer, d’où la notion de dépendance.